Témoignage d’un Don du Vivant

19 ans déjà... Mon frère et moi allons bien.

Le diagnostic est arrivé en mars 2005 : Bernard à "la maladie de Berger".

Le traitement : dialyse immédiate puis greffe de rein.

Je sais ce que ça signifie puisque, ironie de la vie, je travaille dans ce domaine.

J'ai rapidement envisagé de lui proposer un de mes reins. Je sais qu'on peut vivre avec un seul, d'ailleurs quelques

personnes naissent avec un seul rein.

J'y pense beaucoup, je m'interroge sur les conséquences, physiques et psychologiques.

Physiquement, je sais qu'un mois après le don, je pourrai revivre comme avant, sans aucun régime.

Psychologiquement, partage et solidarité sont deux concepts que j'essaye d’intégrer quotidiennement dans ma vie.

C 'est décidé... j'en parle à mon frère fin mai.

Pas facile pour lui d'accepter, il lui a fallu y penser, se familiariser avec l’idée de recevoir un de mes reins.

En décembre, il m’annonce qu'il accepte. Depuis mars il est dialysé 3 fois par semaine.

En février 2006, je commence le bilan médical très complet (il faut être en parfaite santé). Nous avons la bonne

surprise de découvrir que nous avons une carte d'identité génétique comme si nous étions jumeaux. C'est très rare,

même entre frères et soeurs.

Puis je termine le parcours avec le psychiatre et le juge qui recueille le consentement sans pression.

Rendez-vous est pris, ce sera le 27 septembre 2006 à l’hôpital Foch (Suresnes).

Je connais toute l’équipe je travaille avec elle.

Après 18 mois de dialyse pour Bernard, nous entrons le 26 septembre, lui en néphrologie, moi en urologie. Le

prélèvement se fera sous coelioscopie (Je n'ai aucune cicatrice).

J'ai une chambre claire avec vue sur la tour Eiffel. Le soir, elle scintille 5' toutes les heures, j'adore.

Je descends à la cafétéria rejoindre Bernard et Michel, notre néphrologue. On boit une infusion, on papote, nous

sommes détendus et confiants.

Le lendemain matin, les 2 opérations se passent parfaitement bien. Nous récupérons bien, je sors 5 jours après et

Bernard 10 jours après.

Au début, j'étais un peu ralentie, bien sûr, mes amies se sont relayées pour me dorloter. J’ai repris le travail 2 mois

après, comme si de rien n'était...

Mon frère et moi sommes soudés, pas besoin d'en parler, nous sommes là l’un pour l'autre quoiqu'il arrive.

Humainement, ce geste a renforcé mon "estime de soi », sans aucun doute.

J'aime partager... Je l'ai fait...

La question est : si j'avais besoin est -ce que j’accepterais de recevoir...

Si la réponse est oui... Je donne.

Merci la Vie !

D.T.

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Témoignage d’une famille de donneur